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1.
Depuis combien de temps faites-vous des bandes dessinées?
Passionné de la bande dessinée
depuis l’âge de 8 ans, l’idée de devenir
dessinateur m’est venue. Ce n’est que vers l’âge
de 19 ans que je me consacre sérieusement à la bande
dessinée comme auteur.
2. Comment avez-vous choisi votre nom de bédéiste
(Grazo)?
Ce pseudonyme m’est venu lors
d’une discussion avec mon collaborateur scénariste,
Salvador Dallaire, alias Salo. À l’époque, j’avais
inventé un personnage qui s’appelait « Granule
», nous avons fait le lien avec (Granule et Salo), ce qui
donna l’abréviation de Grazo (Salo & Grazo).
3. Comment avez-vous choisi les noms de vos
personnages (Rino et Ouistin)?
Passionnés de science-fiction,
Salvador et moi voulions faire de nouveaux personnages de bande
dessinée classique entre Tintin et Spirou. Dans un premier
temps, le prénom de Ouistin est un mélange de deux
mots, whisky et Tintin. Nous sommes partis du son Whis de whisky
pour l’écrire Ouis et Tin pour Tintin, dont le résultat
est Ouistin. Ensuite, nous voulions trouver un prénom court
qui s’associerait bien avec Ouistin, c’est alors que
j’ai pensé à Rino, comme le prénom de
mon cousin. Au départ, Ouistin était un animal bizarre
qui se nourrissait d’alcool. Par la suite, les prénoms
de nouveaux personnages sont apparût tels que le pays du Ouismistin,
Sistin, Mistin, Cousistin, Coumistin, Sistine, Bulletin, etc.
4.
Y a-t-il une personne qui vous a inspiré et qui vous a donné
le goût d’être bédéiste?
De grands bédéistes
tels qu’Hergé, Franquin, Uderso, Bilal et Loisel m’ont
inspiré. Hergé, entre autres, a joué un rôle
primordial dans mon développement graphique. Cela remonte
à l'âge de 10 ans où j'ai repris entièrement
l'album « Tintin et les picaros ».
5. Comment trouvez-vous vos idées?
Il faut dire que les idées
viennent souvent lors de plusieurs discussions avec le scénariste,
communément appelé du brainstorming. Salvador lance
quelques idées et moi je poursuis avec des gags, des actions
ou tout simplement avec de bonnes intrigues.
6. Aimez-vous votre métier?
Passionnément! Par contre,
la bande dessinée est un passe-temps qui occupe beaucoup
mon temps. Depuis que j’ai terminé les études,
je travaille en imprimerie, ce qui est un métier parallèle
à la bande dessinée et qui me plaît tout autant.
7. Quelle a été votre première
B.D.?
Cela remonte à l'âge
de 10 ans où j'ai repris entièrement l'album «
Tintin et les picaros » que j’ai encore en ma possession
comme souvenir d’enfance. Il s’en est suivi quelques
essais avec des histoires sur Goldorak et Albator. Par la suite,
vers l’âge de 17 ans, j’ai inventé le personnage
« Granule » qui ressemblait étrangement à
Gaston Lagaffe. Enfin, ce n’est que lorsque j’ai commencé
mes études en graphisme au Cégep de Rivière-Du-Loup
que j’ai connu Salvador Dallaire, scénariste, avec
qui j’ai créé les personnages de Rino &
Ouistin.
8. Combien de bandes dessinées avez-vous réalisées?
J’ai réalisé et publié 5 albums
de Rino & Ouistin, ce qui compte environ 225 planches dessinées. Récemment,
je travaille en collaboration avec l'auteure Mireille Turcotte sur un nouveau projet «
Cédrine et Pidor » qui sont des personnages d’une bande dessinée
pour les touts petits avec une colorisation traditionnelle à l’encre. Quelques
dessins ont été créé pour le moment, esquisse des personnages,
scénario et test de colorisation.
J’ai
également participé aux fanzines « Sextant » et « Zinezag
». Je collabore également avec le bédéiste Martin Roy en tant
que coloriste pour les bandes dessinées d’un super héro Soccerman qui
ont été publiées dans le magazine « Soccermag » et les
« Frères Podckasz » dans le « Journal de Montréal ».
9. Quelle est la première
B.D. que vous avez lue?
C’était un album de Tintin, « Les cigares du
Pharaon »
10. Avez-vous déjà
fait des B.D. pour adultes?
Oui, j’ai fait une bande dessinée de 11 pages de 1998-1999
qui n’a jamais été publié. Il s’agit
d’une bande dessinée de science-fiction intitulée
« L’IMPASSE », scénarisée par Salvador
Dallaire. À partir de ce moment, mon trait de crayon s’est
beaucoup amélioré.
11. Qu’est-ce qui est le plus difficile
: écrire le texte ou faire les dessins?
Les deux vont de pair, car tant que
vous n’avez pas trouvé la bonne idée, la bonne
prise de vue, le bon gag, tout est compliqué et difficile.
L’expérience est un atout et le seul secret pour que
tout soit plus facile, c’est d’en faire le plus souvent
possible comme toutes autres choses. Le talent vient avec la pratique.
12.
Quelles sont les étapes à réaliser pour faire
une B.D.?
Les étapes de réalisation
d’une bande dessinée sont de créer une histoire,
situer l’histoire dans le temps et l’espace, inventer
les personnages, faire les croquis préparatoires que ce soit
pour les décors, objets ou personnages (documentations).
Ensuite, poursuivre avec le découpage dessiné et scénaristique,
le crayonné, l’encrage, les bulles, la typographie
et la colorisation traditionnelle ou numérique.
13. Quelle partie de votre travail est la
plus difficile et l’étape la plus facile?
Pour ma part, l’étape
la plus difficile est de trouver de nouvelles idées scénaristiques
et le modelage de nouveaux personnages, dont les traits physiques,
les vêtements et accessoires. Ce que je trouve « facile
», mais surtout amusant est la recherche de documentation
visuelle et photographique. J’adore me rendre sur place, là
où mes personnages vont vivre l’aventure. Je prends
plusieurs clichés et croquis et j’imagine les scènes
qui pourraient s’animer. La partie que j’adore encore
plus est le découpage dessiné; c’est vraiment
là que tout prend forme, les idées se bousculent,
les plans, les angles de vue, la scène, l’ambiance,
l’éclairage, les personnages, les bulles. C’est
à cette étape que l’histoire devient crédible.
J’adore également l’étape de la colorisation
soit traditionnelle ou numérique.
14. Quand avez-vous eu la piqûre pour
l’écriture?
Dès l’âge de 8
ans, même si j’avais beaucoup de difficulté avec
la grammaire.
15. Quel est votre personnage préféré
dans vos bandes dessinées?
Ouistin est certainement le personnage
que je préfère, car il est un extra-terrestre et j’adore
la science-fiction. Son aspect « animal bizarre » lui
vaut une première place et lui donne une personnalité
unique comme personnage de bd.
16. Est-ce qu’il y a des personnes qui
vous aident?
J’ai plusieurs collaborateurs
à qui je demande conseils, soit pour obtenir des commentaires,
des trucs ou leurs critiques. Bien sûr, mon premier collaborateur
est Salvador Dallaire, scénariste, qui demeure à Saint-Georges
de Beauce avec qui je crée les Aventures de Rino & Ouistin.
Il y a Louis Paradis, demeurant à Montmagny, qui est à
mes yeux un mentor et un professionnel en BD, qui ne se gêne
pas pour dire mes forces et mes faiblesses dans les scénarios
et dessins. Il y a également Martin Roy, résidant
à Montréal, dont je fais la colorisation de ses bandes
dessinées. Et le dernier, mais non le moindre, Sylvain Poisson
de Sherbrooke avec qui j’anime des ateliers de bd à
Sherbrooke.
17. Où vendez-vous vos bandes dessinées?
Ils sont en vente à la Biblairie
GGC de Sherbrooke et sur mon site internet www.rinoetouistin.com.
J’en ai également distribué dans les bibliothèques
des écoles et municipales en Estrie. Quand nous sommes à
compte d’auteur, la visibilité n’est pas la même
que si nous sommes publiés par un éditeur. Être
à compte d’auteur veut dire publier ses propres œuvres.
Nous devons tout faire de la création de l’histoire,
le dessin, la colorisation, le montage infographique, la faire imprimer,
la distribuer, le marketing et les ventes.
18. Où aimez-vous travailler?
À la maison, j’ai installé
un espace pour mon atelier de dessin ou devant mon ordinateur pour
la réalisation infographique; numérisation et colorisation.
19. Quelles sont vos B.D. et auteurs préférées?
Durant mon enfance, il y a eu Tintin,
Astérix, Spirou, Yoko Stuno, etc. Aujourd’hui, je lis
beaucoup plus de bandes dessinées réalistes pour adulte
d’auteurs tels que Bilal, Loisel, Moébüs, Caza
et bien d’autres.
20. Combien de temps cela prend-il pour faire
une B.D.?
Il est très difficile d’évaluer
le temps que ça prend. Cela dépend de bien des facteurs
: du dessinateur, du projet, du nombre de pages, du nombre de cases,
noir et blanc ou en couleur, de la complexité d’une
case, si dessin traditionnel ou numérique, du délai
de livraison… de la disponibilité du bédéiste.
21. Est-ce que vous écrivez et dessinez
à la main ou à l’ordinateur?
Je préfère dessiner
à la main même si j’utilise souvent les deux.
Je suis de la génération traditionnelle et qui dit
traditionnelle, dit papier. Le fait de faire un dessin sur un papier
à beaucoup plus de valeur à mes yeux, car il est unique
et véridique. Tandis qu’un dessin réalisé
virtuellement n’a pas la même valeur sentimentale et
monétaire, le dessin réalisé à l’ordinateur
est cependant plus maniable et corrigible. Mais aujourd’hui,
l’important est la rapidité et le résultat final.
22. Pourquoi avez-vous choisi de faire des
B.D. de science-fiction?
J’adore la science-fiction.
Dès mon tout jeune âge, ce que je regardais à
la télévision était les émissions de
Star Wars, Goldorak, Albator et Cosmos 1999. J’adore également
la cosmologie, l’astronomie, les sciences, la géographie,
l’histoire et l’évolution. D’un univers
à découvrir et à imaginer, je rêvais
de devenir cinéaste pour créer mes propres films,
mais j’ai vite appris que je n’avais pas les outils
pour ce genre de rêve. Par contre, faire de la bd était
beaucoup plus accessible surtout pour un enfant.
23. Avez-vous créé plus de personnages
que dans Le monstre de l’Empress?
Les personnages ont été
inventés progressivement et chronologiquement avec les albums.
Il y a quelques exceptions comme le personnage de « Sistine
», princesse et fille du roi Sistin, qui a été
seulement citée au tout premier album “Aventure sur
Mars », mais qui a fait sa première apparition physique
dans « Le Monstre de l’Empress ». Il y aura encore
de nouveaux personnages à venir dans les prochaines aventures.
24. Pourquoi avez-vous fait certaines B.D.
en noir et blanc et d’autres en couleurs?
À l’époque dans
les années ‘80 et ’90, l’impression en
couleur sur les presses était très dispendieuse et
nous n’avions pas le financement pour imprimer en couleur
et encore moins de faire des couvertures rigides. Notre budget se
limitait seulement à une impression en noir et blanc pour
un premier album en 1992, « Aventure sur Mars ». Dès
l’arrivée des presses numériques, cela nous
a permis d’imprimer nos quatre autres albums à des
coûts très abordables, soit en noir et blanc ou en
couleur.
25. Avez-vous fait d’autres séries
que Rino et Ouistin?
Il y a plusieurs sujets que j’ai
expérimentés et que j’ai envie de poursuivre,
entre autres, un projet d’une bd pour enfant et un autre sur
les légendes indiennes dans un style plus réaliste.
26. Quel a été votre plus gros
défi depuis que vous êtes bédéiste?
Le plus gros défi est de se
faire connaître, d’être visible sur le marché
du livre et de prendre sa place parmi les professionnels.
27. Est-ce qu’en faisant des B.D. c’était
votre but d’être célèbre?
Être célèbre
est un grand mot. Personnellement, je ne me sens pas quelqu’un
de célèbre, mais plutôt une personne qui a cru
en son rêve et qui l’a réalisé. Devenir
dessinateur de bande dessinée était un de mes rêves
d’enfant et aujourd’hui, même si je le fais à
comte d’auteur, je dessine encore et je continue d’alimenter
ce rêve. J’ai également réalisé
un autre rêve, celui de publier et d’imprimer un album
en couleur. Mais avant toute chose, avant de réaliser un
rêve, il faut y croire et travailler sur ce rêve pour
qu’il se réalise.
28. Avez-vous une famille? Est-ce qu’ils
font eux aussi des B.D.?
J’ai trois enfants, dont les
jumeaux (une fille et un garçon) qui sont âgés
de 18 ans et un autre garçon de 16 ans. Bien que ma fille
aime dessiner et faire de la bd, je doute fort qu’elle fasse
une carrière en art graphique, mais elle est très
créative. Son frère jumeau expérimente la musique
comme auteur-compositeur-interprète. Le cadet est plus terre-à-terre
et s’intéresse surtout à la construction. Il
y a en chacun d’eux un artiste qui sommeille.
29. Combien de tomes de Rino et Ouistin pensez-vous faire?
Présentement, cinq tomes ont
vu le jour depuis 1992 et je souhaite en produire davantage dans
le futur. Le nombre n’est pas établi, nous le faisons
un album à la fois.
30. Laquelle
de vos B.D. est votre plus belle réussite?
Celui dont l’histoire se déroule
au Québec dans le fleuve Saint-Laurent, « Le monstre
de l’Empress ». L’accessibilité des lieux
réels dans un contexte fictif m’a permis de faire une
meilleure recherche documentaire et en prime, j’ai créé
une colorisation personnalisée.
31. Est-ce qu’il faut suivre des cours
pour être bédéiste?
Préalablement oui et non,
car c’est un métier et aussi un Art. Il y a des techniques
à respecter, l’art de la littérature, l’art
de la cinématographie et l’art graphique. Chacun peut
faire ce qu’il lui plaît (bd marginale), mais s’il
veut être édité, il devra suivre les directives
de l’éditeur. Il existe des cours et des ateliers de
bd dans la plupart des régions, informez-vous auprès
de votre centre culturel régional.
32. Pensez-vous vendre vos B.D. dans d’autres
pays?
J’ai déjà vendu
plusieurs exemplaires en Europe auprès d’autres bédéistes
professionnels et amateurs. Ce sont des ventes modestes pour le
moment, mais si un jour nous avons la chance de collaborer avec
un éditeur, nous pourrions être distribué sur
le marché européen.
33. Avez-vous des trucs pour dessiner les
personnages?
L’observation du comportement
humain et animal est un facteur très important à considérer.
Leurs gestes, manies, physionomies, costumes, races et époques
détermineront la vraie personnalité de votre personnage.
Le miroir, à défaut de ne pas avoir de modèles
vivants ou photographies, vous aidera beaucoup que ce soit pour
une expression, pour l’anatomie ou pour un mouvement désiré
à mieux dessiner.
34. Quels conseils nous donneriez-vous pour
faire nos propres B.D.?
Avoir beaucoup de passion, de patience,
de persévérance, d’originalité, d’imagination,
de l’observation, dessiner, dessiner et dessiner.
Un gros merci à tous!
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